Que dire à son avocat ?

Guislaine Cielle Avocat

La communication avec son avocat est un concept tout aussi important que difficile à mettre en place.

En effet, que doit-on dire à son avocat, jusqu’où doit-on aller ?

L’avocat doit également poser des questions importantes : qu’attend le client ? attend-il une certaine fermeté et un encadrement de la part de son conseil ou bien préfère-t-il une relation moins rapprochée ?

Pour ma part, j’ai l’habitude d’instaurer une relation à la fois ferme et protectrice des intérêts du client, c’est-à-dire que je relance souvent lorsque le client ne m’envoie pas les pièces nécessaires à la bonne gestion de son dossier, je m’enquiers de savoir si les autres professionnels comme les experts ou les médecins-conseils l’ont contacté, etc…

Pour résumer, je fais en sorte d’éviter les « loupés « qui pourraient survenir. Certains clients apprécient, d’autres moins…Il est donc très important de savoir ce que le client attend en termes de gestion de son dossier.

En revanche, il est important que le client m’avise de toute démarche et de tout élément qui pourrait impacter le déroulement du dossier.

En effet, certaines initiatives sont dangereuses pour le dossier, d’autres sont inutiles. Vous comprendrez à travers deux exemples :

  • Pour le premier, je suis dans le cadre d’une procédure de référé pour laquelle j’ai obtenu la désignation d’un expert devant le Tribunal judiciaire de Toulon. Je suis très satisfaite de la désignation de cet expert-là.

La cliente, inquiète pour le déroulement de l’expertise et alors qu’elle ignorait encore le nom de l’expert et qu’elle ne m’avait pas contactée pour me faire part de son inquiétude, a parlé de son stress à une amie ; cette dernière lui a alors donné les coordonnées d’un médecin qu’elle connaissait bien sur un plan professionnel et qui n’était autre que l’expert désigné par l’ordonnance de référé afin qu’il lui explique le déroulement d’une expertise.

Fort heureusement, à la suite d’un oubli ou d’une mauvaise communication avec sa secrétaire, l’expert ne l’a jamais contactée.

Or, si tel avait été le cas, s’il lui avait parlé ou même reçue, il n’aurait pas pu réaliser l’expertise car il y aurait eu un conflit d’intérêts.

Le dossier aurait donc pu prendre une autre tournure si l’expert désigné avait été remplacé par un autre expert ! D’où l’intérêt de communiquer avec son avocat sur son inquiétude à l’approche d’une expertise ; il est le plus compétent pour tout expliquer au client et désamorcer une peur bien légitime.

  • Le second exemple est moins impactant pour le fond du dossier ; le client a juste perdu inutilement du temps.

Ce dernier est victime d’un accident de la route aux conséquences corporelles qui ne sont pas trop graves. Il rédige un constat amiable avec la partie adverse. Jusque-là, tout va bien.

 

Sur les conseils de proches et sans m’en parler, il décide d’aller déposer plainte.

Or, compte tenu de la nature du dossier, du comportement tout à fait normal du conducteur adverse qui a reconnu sa faute et qui est assuré, rien ne justifiait un dépôt de plainte qui de toute façon aurait été vraisemblablement classé dans le meilleur des cas ou pire, non traité.

Si ce client m’avait posé la question, je l’aurai dissuadé d’aller déposer plainte et il aurait économisé cinq heures de son temps !

 

En résumé, il est important de contacter son avocat pour tout questionnement sur le dossier, qu’il s’agisse d’un stress lié à une expertise ou qu’il s’agisse d’une question touchant le fond du dossier.

Je dois avouer que ce n’est pas très facile car on agit souvent sous le coup d’une impulsion, d’un instinct qui nous met en action rapidement, sans trop réfléchir.

La question à vous poser est la suivante : Ce que je m’apprête à faire est-il en lien avec mon dossier d’indemnisation de préjudice corporel ? Si la réponse est positive, alors, prenez votre téléphone et contactez votre avocat !